La méthanisation connait un véritable essor en France, et particulièrement dans notre région : en janvier 2020, les Hauts de France comptaient 51 unités en fonctionnement, 20 en construction, et 170 projets en cours dont 160 en injection de biométhane. Parmi les projets non comptabilisés dans ces chiffres : la micro-méthanisation, un modèle plus « agile ». Celui-ci s’adresse aux éleveurs laitiers de plus de 100 têtes et aux exploitations qui fonctionnent sur lisier frais raclé. Une solution pour ceux qui ne souhaitent pas, ou ne peuvent pas, intégrer un projet collectif, mais motivés pour compléter leurs revenus grâce à la filière énergétique…
La micro-méthanisation c’est quoi ?
La micro-méthanisation désigne des unités de production dont la puissance est inférieure à 80kW et s’adapte donc à l’échelle d’une exploitation. Ces installations permettent aux éleveurs de valoriser leurs effluents d’élevage en les transformant en énergie verte (90% des émissions de méthane produites par le lisier sont alors captées). Le procédé très automatisé ne demande que peu de temps de travail aux éleveurs : environ 20 minutes par jour. La plus grosse maintenance a lieu une fois par mois, lors de la vidange des moteurs. Là, il faut compter 1h30 de travail. Le lisier est pompé quotidiennement pour être acheminé dans le digesteur, il est ensuite maintenu à 40°c afin de créer un environnement propice à la production de biogaz qui sera capté et transformé en électricité. Une partie de la chaleur produite peut être récupérée par l’éleveur.
Une fois le processus de méthanisation complété, le lisier ressort sous forme de digestat. Ce digestat est considéré comme un engrais vert puisque le nitrate d’azote présent naturellement dans le lisier s’est transformé en azote ammoniacal, plus assimilable par les plantes. La micro-méthanisation en cogénération c’est du 3 en 1 : à partir de votre lisier vous créez de l’électricité, de la chaleur et un fertilisant. Petit point réglementaire : l’unité doit être installée à plus de 100 mètres des habitations.
L’installation d’une unité de micro-méthanisation dure 3 jours. Les contrats de maintenance se calent sur la durée du contrat de rachat d’électricité par EDF.
La micro-méthanisation s’adresse à qui ?
Les unités de micro-méthanisation fonctionnent en voie liquide et concernent donc principalement les éleveurs laitiers travaillant en 100% lisier. Les machines de 16kW à 74kW s’adressent aux élevages de 70 à 450 vaches laitières, mais il faut compter un minimum de 100 têtes pour plus de sécurité dans l’approvisionnement. Afin d’exploiter au mieux l’installation, plusieurs conditions doivent être remplies :
- Un lisier de bonne qualité et frais, avec un système racleur ou aspirateur qui l’achemine vers une préfosse.
- Une ration à fort potentiel méthanogène : une bonne proportion de maïs est donc importante.
- Un temps de pâturage adapté : une longue présence en bâtiment est indispensable.
Enfin, afin d’optimiser encore mieux l’installation, il est aussi possible de valoriser d’autres intrants produits à la ferme à certaines conditions. Attention, règlementairement, l’alimentation en culture dite « principale » ou « alimentaire » ne peut excéder 15 % du tonnage brut total par année civile.
La micro-méthanisation : quelle rentabilité ?
La micro-méthanisation valorise les effluents et complémente le revenu issu de l’atelier laitier sur une exploitation, grâce à la revente de l’électricité à EDF, puisque c’est aujourd’hui le modèle économique qui prévaut. Le prix d’un tel projet varie selon la taille de votre exploitation et s’échelonne de 150.000€ à 450 000€ selon la taille de l’unité choisie.
En termes de rentabilité, les business modèles sont construits pour être rentabilisés sous dix ans pour les plus petites installations, et moins de 5 ans pour les plus puissantes. La rentabilité des projets oscille de 10% à 22% selon la puissance de la machine, sachant le prix de rachat du courant par EDF diminue tous les trimestres... Ce qu’il est important de retenir : c’est que chaque exploitation est différente et qu’avant d’entamer un projet, une étude de faisabilité doit être réalisée, pour déterminer de manière très précise le calibrage de l’unité et donc estimer au mieux sa rentabilité.
En parallèle, le lisier doit être analysé afin de connaître son pouvoir méthanogène, et une évaluation des aménagements nécessaires pour accueillir l’installation doit être réalisée pour pouvoir en mesurer le cout total. NORIAP et les équipes d’Yséo sont en capacité de vous accompagner dans le processus de décision, et d’organiser, pour commencer, une visite sur une unité de micro-méthanisation en fonctionnement.
Estimation de rentabilité des unités de micro-méthanisation selon la puissance
NB : Les prix comprennent la machine, la livraison et l’installation. Les quantités nécessaires pour l’approvisionnement sont estimatives et fonction de la qualité du lisier, c’est pourquoi une analyse devra être réalisée pendant la phase d’étude
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