Installé à Sommereux, dans l’Oise, Enguerran Heu poursuit une tradition familiale de maraîchage, notamment la culture de fraises qui perdure depuis plus de 40 ans. À la tête d’une ferme de polyculture-élevage depuis 8 ans, il a su faire évoluer l'exploitation en développant un atelier maraîcher structuré et ambitieux, complété par une organisation tournée vers la vente directe à la ferme. Cette évolution, à la fois ancrée dans son attachement au terroir et guidée par sa passion du métier, répond aux enjeux actuels de diversification et de proximité avec les consommateurs, tout en valorisant des produits sains et locaux.
Depuis son enfance, Enguerrand vit au rythme de la ferme familiale. Repris progressivement en GAEC avec son père, puis seul aux commandes, il a su faire évoluer l’exploitation tout en préservant son ADN. Ce qu’il veut ? Proposer des produits de qualité, issus de ses terres, en circuit court.
« C’est une fierté de nourrir la France avec des produits sains, des produits locaux. On sait ce qu’on mange. » évoque-t-il.
Avec 140 hectares consacrés aux grandes cultures — blé, colza, lin, betterave et maïs — et un atelier d’élevage allaitant de 20 mères Blondes d’Aquitaine, la ferme d’Enguerrand repose sur un socle solide et structuré. Mais depuis quelques années, il a choisi de diversifier son activité en développant un atelier maraîcher, qui vient complémenter et enrichir le système existant :
Cette diversification vers le maraîchage n’est pas une rupture mais une continuité : l’exploitation cultive des fraises depuis plus de 40 ans, une tradition familiale initiée par ses grands-parents. Enguerrand adaptant cette activité aux enjeux d’aujourd’hui. Exit les fraises en plein champ, trop sensibles à la météo : désormais, elles poussent en hors-sol sous serre, pour sécuriser les rendements et limiter les pertes.
« Une semaine de pluie et les fraises sont foutues. En serre, il n’y a quasiment aucune perte. »
La planification du travail sur la ferme s’est construite naturellement autour du calendrier végétal :
Cette organisation permet de répartir les charges de travail et de maximiser la fraîcheur des produits vendus chaque jour. Enguerrand travaille avec un saisonnier présent le matin de mars à septembre, et peut aussi compter sur son père, toujours présent sur la ferme malgré la retraite.
Enguerrand a développé une vente directe à la ferme, avec deux canaux principaux :
Ce modèle lui permet :
« Maintenant, les gens se déplacent beaucoup à la ferme. »
Enguerrand ne cache pas les difficultés : charges importantes, prix instables, revenus parfois incertains. C’est justement pour cela que sa stratégie de diversification (maraîchage, vente directe, prestations de service dans le lin textile) prend tout son sens.
Il partage également une retourneuse à lin avec un ami et réalise, depuis cinq ans, des prestations de service pour la coopérative La Linière. Ce complément d’activité lui permet d’équilibrer les revenus quand les rendements des cultures ne sont pas au rendez-vous.
« Heureusement que je suis assez diversifié. Sinon ce serait compliqué. » soulifne Enguerrand.